• Quel nom pour la race ? A suivre...

    Un amusant paradoxe : il existe deux grands registres pour les chevaux frisés : celui de l'American Bashkir Curly et celui du North American Curly horse. Le registre de l'ABC est fermé, c'est à dire que seuls les poulains nés de chevaux déjà inscrits à l'ABC peuvent être enregistrés. Celà garanti à long terme la pureté de la race. Celui du NACHR, de l'ICHO, enregistre tout cheval frisé ou né d'un parent frisé. A mon sens, l'un a été fermé un peu tôt et risque de mélanger les lignées et de devenir bloqué par la consanguinité, l'autre est trop permissif en enregistrant des croisements fantaisistes voire nuisibles. Mais le plus grand danger me parait venir de l'Europe où des pays souhaitent faire reconnaitre une race "curly", comme si une caractéristique de poil pouvait devenir une race sans autre standard ou avec un standard sur mesure ??? Non, le cheval frisé dit Curly est un cheval américain, un point c'est tout ! Le paradoxe est que si un cheval vraiment typé "Bashkir américain" se trouvait sur le sol américain (dans un troupeau de mustangs par exemple), il ne pourrait pas s'appeller American Bashkir Curly, mais il pourrait prétendre au NACHR. Et qu'un cheval , par exemple, SUD-Américain frisé pourrait être enregistré au stud-book du cheval NORD Américain !!

    Dans le sens où une race est forgée par un berceau (américain), L'ABCR a raison. Ceci en théorie. En pratique, le NACHR est bien plus adapté aux besoins des éleveurs et laisse la possibilité d'enregistrer les mustangs espagnols frisés, qui je pense, sont en partie à l'origine de la race. Trop de Curlies bien typés n'ont pas encore été enregistré pour qu'on leur feme la porte. Alors comment condamner les éleveurs qui veulent "faire leur sauce "? L'ICHO devrait évoluer vers une certaine catégorisation des reproducteurs (Icams) qui devrait déjà être un grand pas. Mais en attendant, c'est au bon sens et à la responsabilité des éleveurs qu'il faut se fier, en espérant que des amateurs mal-éclairés ou apatés par le gain ne soient pas trop nombreux à croiser leurs chevaux frisés avec des trotteurs de réforme, des poneys à deux sous ou des Tinkers à la mode... Finalement, à l'heure actuelle, c'est aux acheteurs de faire le bon choix, de lire les pedigrees et de respecter le travail des bons éleveurs.

    Le fond du problème soulevé n'est pas "faut-il croiser le cheval Curly américain", mais "si celà est jugé necessaire, alors avec quelle race le croiser"... Les éleveurs européens (enfin certains, pas tous !) font comme les éleveurs américains, ils se permettent de croiser. Mais ce n'est pas du tout la même chose d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique ! En Europe, je pense que le mieux est de présenter au public un cheval Curly américain le plus authentique possible. Et laisser aux aventuriers américains qui ont déjà forgé la race, de la faire évoluer par des croisements s'ils le jugent necessaire. A mon avis, croiser ne remplacera jamais une vraie et bonne selection, mais selectionner c'est beaucoup plus exigeant !!!

    Au sujet de la consanguinité, elle n'est pas si énorme, même chez les chevaux au pedigree plein d'étoiles (on signale la robe frisée par une étoile devant le nom du cheval). Comme le soulignait Swan Thomas dans son étude, les Curlies américains ont des courants de sang très variés, et on peut se permettre un peu de consanguinité, en y faisant attention, et en ne l'utilisant que sur les meilleurs chevaux et pas sur les chevaux les mieux frisés. Si vous prenez le pur-sang anglais ou le pur-sang arabe, la consanguinité est bien plus grande et cousinée mais elle est invisible sur le papier car plus lointaine. Chez le cheval curly, elle est plus visible, par exemple avec les lignées de Colonel Austin, mais il est encore possible de la gérer intelligement. Attention aussi aux lignées de Fox Trotters, qui paraissent parfois amener du sang frais mais qui sont elles-mêmes très consanguines en dehors des Fox Trotters Curly.

     

    Copie de mon courrier à Cheval Mag suite à un article sur la race "Curly" en janvier 2009

    Bonjour à vous,
     
    Merci de votre article sur le cheval dit "curly", qui mérite d'être mieux connu dans notre pays.
     
    Cependant, deuxième éleveur à avoir importé ces chevaux en France en 2004, je ne reconnais pas mes chers équidés frisés à travers vos lignes... J'élève personnelement la race American Bashkir Curly (et North American Curly Horse enregistrable ABCR)... quant au "Curly"...  je ne sais pas ce que c'est... à part à l'heure de l'apéritif ! Il y a à peu près la même différence entre les deux qu'entre un pur Paint horse américain et un simple "pie" ou "Pinto" !
     
    "Curly" n'est qu'une caractèristique de poil. Comme vous le soulignez, tous les croisements sont autorisés au registre NACH/ ICHO et il faut en être prévenu. Mais la race American Bashkir Curly existe bel et bien, avec un registre (l'ABCR) fermé aux croisements depuis plusieurs années et un véritable standard. L'American Bashkir Curly (et le North American Curly Horse enregistrable à l'ABCR) est un cheval américain et fier de l'être. Sa gentillesse et sa rusticité légendaires doivent être préservées... Le nommer simplement "Curly" est un encouragement supplémentaire à une production batarde dont la race, encore jeune et peu connue, n'a nul besoin.
     
      Enfin, je précise que lorsqu'on abrège le nom de la race American Bashkir Curly en "Curly" pour des raisons de commodité d'écriture, son pluriel devient "curlies" et non "curlys"
     
    Meilleures salutations
     
    Sophie Allioux, élevage Desys, Sarthe.

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